Bonjour Karine, Bonjour Anne ! Pouvez-vous nous raconter la genèse de TrocTaChambre ?

Anne : En tant que parent d’étudiant, il y a 3 ans, j’ai été confrontée au problème du logement étudiant. Ma fille a voulu faire ses études dans le 92 alors que nous habitons dans le 93. On lui a cherché un logement. On a commencé par le CROUS, c’était plein, agences immobilières 800€/mois, une colocation 500 €/mois…  Elle a fait les allers/retours pendant 2 ans ! Cela m’a vraiment surprise car nous sommes quand même bien lotis avec deux salaires à la maison. Malgré cela nous n’étions même pas capable de payer un logement à notre fille…

Je me suis alors dit que nous ne devions pas être les seuls parents dans ce cas-là. Et, effectivement, c’est un problème qui touche des milliers de parents, les poussant même à devoir prendre des crédits pour leurs enfants.

Karine : J’ai connu le même problème de logement quand j’ai voulu poursuivre mes études à Londres. J’ai été fille au pair pendant un an, j’ai adoré la ville et ses habitants et j’ai voulu continuer l’aventure en y étudiant. Malheureusement la famille, que je vois encore régulièrement, avait besoin de plus d’heures de présence que ce que mon planning d’étudiante ne le permettait et j’ai été dans l’obligation de chercher un logement. J’ai finalement dû revenir à Paris (ville très bien au demeurant 😊) , chez mes parents, faute de trouver un logement abordable.

Quand Anne m’a raconté l’histoire de sa fille, je me suis dit que c’était fou que plus de 15 ans après, on en soit toujours là.

Nous nous sommes dit qu’il fallait agir. Nous avons fait des recherches et nous avons découvert que :

• Les étudiants sont 20 millions en Europe et 2 millions et demi en France
• Leur loyer représente en moyenne 55 % du budget d’un étudiant
• 1 étudiant sur 3 ne fait pas les études qu’il veut car il ne peut pas se loger dans la ville de son choix.
• Et surtout 1 étudiant sur 5 vit sous le seuil de pauvreté, en France.

C’est pourquoi en 2017, nous avons mis en place Troctachambre pour proposer aux étudiants une solution clé en mains pour un logement abordable, sécurisé et créant du lien social. Troctachambre est une plateforme collaborative d’échange de chambres contre chambres et qui propose aussi du logement intergénérationnel.

Pourquoi était-ce important pour chacune de vous lancer dans cette entreprise engagée  ?

Anne : Quand j’ai découvert qu’un tiers des étudiants ne font pas les études qu’ils veulent faire parce qu’ils ne peuvent pas se loger dans la ville de leur choix, qu’un étudiant sur 5 vit sous le seuil de pauvreté, tout ça pour moi est inacceptable et peut être évité.

La solution de troquer les chambres permet à tous ces parents et à tous ces étudiants de voir l’avenir plus sereinement en leur évitant de s’endetter et de faire des choix qui correspondent à leurs vraies envies. Des jeunes qui donc demain seront plus épanouis dans leur vie professionnelle. Pour ceux qui n’ont pas de chambre  à échanger, nous voulons aussi  leur offrir une opportunité grâce au logement intergénérationnel.

Nous avons souhaité développer le logement intergénérationnel car pour nous la création de lien social entre les générations est une valeur qui tend à se perdre alors qu’elle est essentielle à notre société. De plus, l’isolement des personnes âgées est un sujet qui nous touchent, Karine et moi, tout particulièrement.

Karine : Même chose pour moi. Qu’au 21^ème siècle, en France, des jeunes dorment dans leur voiture ou ne fassent pas les études qu’ils souhaitent me révolte. J’ai été très frustrée de ne pas pouvoir faire mes études à Londres et je ne souhaite pas que d’autres jeunes vivent la même frustration que moi. Le logement et le budget ne doivent plus jamais être un frein aux études. C’est une injustice qui crée des inégalités sociales qui n’ont pas lieu d’être.

Anne et moi nous sommes rencontrées alors qu’Anne était bénévole dans l’association dans laquelle je travaillais. Alors, pour nous, il était logique et important de créer une entreprise solidaire et sociale basée sur nos valeurs communes.

Quels ont été vos premiers contacts avec les familles et les écoles/universités ? 

Les familles ont été enthousiastes. Ce concept d’échange plaît même s’il n’est pas connu. Il permet de faire des économies, de découvrir d’autres cultures, de sortir de sa bulle.

Nous avons plus d’une centaine d’écoles et universités partenaires contentes elles-aussi de pouvoir proposer une alternative de logement abordable à leurs étudiants. Elles ont envie de participer à cet élan de solidarité et d’entraide. Le bouche à oreille fonctionne de mieux en mieux.

De manière globale nous sommes contentes et motivées par l’accueil de notre solution. Comme notre concept, celui de l’échange de chambre contre chambre et celui du logement intergénérationnel, est relativement nouveau nous avons énormément de communication à faire afin de le rendre populaire.

Le réseau a désormais pris forme, comment imaginer vous le futur de Troctachambre ?

Nous voulons devenir la référence du logement étudiant solidaire par l’échange de chambre contre chambre mais aussi par le logement intergénérationnel pour faciliter le rapprochement entre les générations et entre les individus. Nous voulons recréer du lien social indispensable au bien-être de tous.

Nous avons imaginé pas mal de nouveautés pour 2020 afin d’agrandir notre communauté et de répondre encore mieux à la demande des étudiants, des familles et des personnes âgées. D’ailleurs, notre site web fera peau neuve. Il sera encore plus ergonomique pour déposer sa chambre, remplir son contrat d’échange, etc. Vous en saurez plus en 2020 !

Merci, Anne et Karine !

Merci à vous Les Grandes idées !