MAUD CAUBET
Place au vivant et à une architecture prenant part au débat.
Plaidant pour une architecture prenant part au débat, Maud Caubet est à la tête d’une agence d’architecture et design d’une vingtaine de collaborateurs pluridisciplinaires et internationaux. En créant sa propre agence d’architecture en 2006, elle crée une véritable plateforme créative et technique dont il ressort une architecture sincère prenant en compte l’existant comme son devenir. Une architecture de vie(s), durable et en perpétuelle mouvement.
Aujourd’hui, Les Grandes Idées lui donnent la parole pour entrer dans son univers et partager sa vision de l’architecture et du design. Elle vous parle ainsi du vivant, de la responsabilité des architectes et du nécessaire décloisonnement des disciplines.
Bonjour Maud,
Architecture pour le vivant, architecture de vie(s), architecture prenant part au débat… de vos dernières interviews semble ressortir une volonté de faire évoluer les codes de l’architecture vers davantage de prise en compte de l’humain et davantage de transversalité dans les approches, pouvez-vous nous en dire plus ?
Je crois au lien indispensable entre l’homme et la nature, son environnement premier. Ce lien vital, biologique, incontournable et vrai constitue mon inspiration première et un incontournable dans l’architecture que je propose. Je travaille beaucoup la lumière naturelle, comme le dialogue intérieur/extérieur et la nécessaire connexion de l’homme avec la nature par différents moyens.
Je défends aussi et surtout une architecture engagée. Les enjeux environnementaux et sociétaux actuels sont immenses. Défis climatiques, protection de la biodiversité, inclusion et diversité sociale… il est de notre responsabilité à tous, notamment de la responsabilité des architectes d’agir avec plus d’ambition et de concrétisation. L’architecture doit absolument prendre part au débat, anticiper, s’investir en proposant des projets innovants, à la fois démonstrateurs et à fort impact. Nous devrions tous nous inscrire dans une constante innovation pour la recherche et la mise en œuvre de solutions concrètes.
LiVE - Vivre la Métropole en direct, ©Maud Caubet Architectes
Vous pensez justement l’architecture comme une discipline ouverte et décloisonnée. Comment cela se ressent-il dans vos réalisations ?
En effet, je plaide pour un décloisonnement de l’ensemble des disciplines liées à un projet. Tout d’abord car la plus grande transversalité permet de penser les meilleurs projets, les plus cohérents. J’aime aborder les projets dans toutes leurs dimensions : du micro au macro, du design de l’objet en passant par l’architecture intérieure, l’architecture du bâtiment en soit comme son intégration dans un paysagisme que j’aimerais bien souvent intégrer.
Travailler le décloisonnement est indispensable selon moi pour créer un tout architectural cohérent et à l’écoute de son environnement. J’essaie de le démontrer dans mes projets, la dernière réalisation qui illustre mes propos pourrait être La Maison des Landes. Perchée dans une pinède à quelques mètres de la mer, cette carte blanche, construite sur pilotis et à l’ossature bois sombre et élégante a été pensée pour se fondre dans son environnement, lui répondre, brouiller les frontières dedans/dehors, faire entrer en dialogue les deux ailes de cette maison en U.
J’essaie de proposer, dans chaque projet, une architecture de vie(s). A mon sens, les projets architecturaux ne doivent pas « être à la mode » mais ont le devoir de proposer une esthétique durable, dans le sens où ils devraient traverser les années, les décennies, les siècles sans avoir perdu de leurs auras. Il y a aussi une autre dimension dans ma volonté de proposer une architecture de vie(s) : celle de systématiquement penser réversibilité d’usages. C’est une pratique que j’ai commencé à aborder dans mon projet de diplôme et qui ne m’a jamais quitté. En effet, je crois que la réversibilité des bâtiments constitue l’une des solutions permettant de limiter sensiblement leur impact environnemental.
Pour tout cela il faut toutefois, de prime abord, la plus grande transversalité dans la conception du projet, quel qu’il soit.
Une idée de projet que vous aimeriez réaliser ?
J’aime l’idée de pouvoir agir à la fois à très grande et à toute petite échelle.
Avec le projet de la Maison sur le Toit à Paris, j’avais imaginé, tel que l’on construit une cabane dans les arbres, construire une maison nichée entre deux bâtiments permettant de voir sans être vu. Je rêve de réhabiliter les toits de Paris : face à la pénurie de logements, construire autant de cabanes dans les recoins secrets de la capitale serait magique !
À grande échelle, j’aimerais beaucoup participer à la construction ou la rénovation d’un musée, ou d’un centre culturel, pour mêler les disciplines et faire se répondre les différents arts.
Positive Energy, ©Maud Caubet Architectes