Clément Debosque
Après avoir vécu la canicule de 2019 à Paris, Clément Debosque co-fonde Ma Petite Planète, une initiative née de sa volonté d’agir face au défi du changement climatique. Face à son incapacité à mobiliser ses proches sur les gestes écologiques, il décide de mettre en place un concept novateur.
Associé à Mathilde Hebert et Christian Nallatamby, Clément met en place un challenge écologique inspiré du jeu vidéo et de la compétition. Ma Petite Planète vise à transformer la transition écologique en un défi amusant, à sensibiliser à l’écologie et à encourager les actions concrètes à travers des défis quotidiens. Très vite, le concept prend de l’ampleur avec des éditions améliorées et une communauté grandissante de contributeurs.
L’objectif principal de Ma Petite Planète : faire entrer chacun dans la dynamique de l’écologie, souligner l’accessibilité des actions et la responsabilité collective.
Bonjour Clément,
Pourquoi avoir créé Ma Petite Planète ?
C’est une histoire très personnelle à la base. J’ai été très affecté par la canicule en juillet 2019 et je souhaitais passer à l’action sur le sujet de l’écologie. J’ai d’abord commencé ma transition à titre personnel, puis je me suis demandé comment embarquer mon entourage sur ce sujet. D’où l’idée de créer une expérience collective et motivante. L’approche traditionnelle avec des arguments rationnels ne fonctionnait pas trop. Je me suis inspiré du jeu de foot Mon Petit Gazon qui a rassemblé des millions de joueurs. Il n’y avait pas de raison qu’on ne puisse pas mobiliser des millions de personnes sur le sujet de l’écologie et de la protection de la planète ! Ma Petite Planète est ainsi partie d’une envie d’agir et d’une intuition : le jeu et une approche collective peuvent motiver les gens à s’engager pour l’écologie.
Comment avez-vous adapté votre envie de sensibiliser à l’écologie à une dynamique ludique ?
Nous avons mis en place un processus d’itération et de co-construction avec notre communauté. Nous avons réalisé 27 éditions, dont 16 pour les adultes et 11 pour les scolaires. Dix leviers de passage à l’action ont été identifiés. L’écologie est un sport collectif, il est donc crucial de former des équipes sur Ma Petite Planète. La dimension sociale est également importante : les gens partagent leurs réalisations pendant les 3 semaines de challenge. Nous proposons des défis adaptés à tous les niveaux et incitons les participants à se dépasser grâce à des points, des badges et même des récompenses offertes par nos partenaires. Notre ambition est de créer de nouveaux récits sur l’écologie dans un univers joyeux et motivant.
Les 3 cofondateurs : Mathilde Hebert, Christian Nallatamby, et Clément Debosque
Pourriez-vous nous donner des exemples concrets de défis que les joueurs relèvent au quotidien ?
Lors de l’édition adulte, 16 thèmes différents sont abordés, offrant une vision intégrale et holistique d’une écologie qui va bien au-delà de l’empreinte carbone. Ces thèmes couvrent des sujets variés tels que la biodiversité, la pollution de l’eau, la pollution des sols, l’alimentation, les déchets, les mobilités, l’énergie, le DIY (do it yourself) et la seconde main. Ces thématiques permettent aux participants de se familiariser avec divers aspects de l’écologie et d’agir concrètement dans leur quotidien.
Je peux citer quelques exemples concrets de défis à relever par les participants :
Le défi « Zéro objet neuf pendant 3 semaines »
Les participants sont invités à ne pas acheter d’objets neufs, mais à privilégier les objets d’occasion ou le troc. Ce défi incite à réfléchir sur le rapport à la consommation, et de nombreux participants parviennent à se passer d’objets neufs pendant cette période.
La semaine végétarienne
De nombreux participants tentent pour la première fois une semaine végétarienne, découvrant ainsi de nouvelles habitudes alimentaires et réduisant leur empreinte écologique.
Le vélotaf
Se mettre au vélotaf en se rendant au travail à vélo plutôt qu’en voiture ou en transport en commun.
Le compostage ou le potager
Certains participants se lancent dans le compostage ou la création d’un potager, se réappropriant ainsi les enjeux liés à la terre et à l’alimentation.
La montée en compétence
De nombreux défis visent à améliorer les connaissances en écologie, comme écouter un podcast sur le sujet, commencer un MOOC pour se former, etc.
Le défi mythique
Chaque édition propose un défi particulièrement ardu parce qu’il est important de permettre et de proposer aux participants de se dépasser en matière d’écologie. Ces défis sont conçus pour être accessibles à tous, quel que soit son niveau. Ils permettent à chacun d’expérimenter des pratiques écologiques dans son quotidien et de voir qu’il est possible de faire une différence.
Parlez-nous de la mission de l’association, qui vise à rendre l’écologie positive, dynamique et accessible. Comment les joueurs et ambassadeurs de Ma Petite Planète contribuent-ils à cet objectif ?
Notre mission est de sensibiliser, mais surtout de faire passer à l’action un maximum de personnes pour la préservation de la planète et du vivant. Ce qui nous différencie de nombreuses autres initiatives, c’est l’accent mis sur le passage à l’action. Ce n’est pas uniquement théorique, ce n’est pas juste « Ah, tiens, je sais ça, j’ai compris ça », mais plutôt « OK, je sais, j’ai compris, et surtout, j’agis en conséquence ».
Nous déclinons notre approche en différentes versions pour toucher divers publics. Les particuliers peuvent embarquer leurs amis pour jouer et relever des défis ensemble. Les personnes engagées en entreprise peuvent mobiliser leurs collègues et faire avancer leur entreprise sur les enjeux écologiques. Nous proposons des prestations de services aux entreprises, aux collectivités et aux universités/grandes écoles pour faire progresser salariés et/ou étudiants sur le sujet.
Nous avons aussi un outil appelé Ma Petite Planète scolaire, destiné à tous les enseignants de la maternelle au lycée. Cet outil leur permet de proposer des actions concrètes aux enfants, en commençant avec les tout-petits.
Le format défi rend l’approche ludique et accessible, permettant à chacun de voir ce qu’il peut faire de manière très concrète pour agir. Chaque édition, qui dure 3 semaines, propose une liste de 50 défis pour les enfants et de 70 défis pour les adultes. Les participants peuvent agir selon leur rythme et leurs envies, avec l’objectif d’en accomplir le maximum possible.
En quoi la participation à Ma Petite Planète peut-elle influencer durablement les habitudes écologiques des participants dans leur vie quotidienne ?
Notre pari avec Ma Petite Planète est de faire vivre une expérience forte de 3 semaines, qui pousse les participants à expérimenter et à mettre en place des actions écologiques concrètes. Notre objectif consiste à initier de nouvelles habitudes à long terme, même après cette période de défis ponctuels. Par exemple, une semaine végétarienne ou une semaine sans plastique permet aux participants de réaliser que ces changements ne sont pas si difficiles et de découvrir des alternatives viables.
De nombreuses personnes réduisent leur consommation de viande, font plus attention à leurs usages, choisissent des banques éthiques en cohérence avec les enjeux ou rejoignent une AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) après l’édition, ce qui est assez structurant.
Notre ambition est d’accompagner toutes les filières de la transition écologique, principalement en France pour le moment, bien que nous ayons des aspirations européennes. Nous nous concentrons sur les actions concrètes des individus pour contribuer à cette transition sur le long terme.
L’éducation est également une composante essentielle de notre mission. Nous croyons fermement que plus on commence tôt, plus il est facile pour les jeunes d’adopter de bonnes pratiques écologiques. Nous constatons un impact significatif sur les enfants, qui, après avoir participé à nos défis, intègrent ces pratiques comme des évidences. Ils partagent ensuite leurs connaissances et leurs nouvelles habitudes avec leur famille, ce qui crée un effet d’entraînement positif sur leur entourage.
Comment voyez-vous l’avenir de Ma Petite Planète ?
Notre ambition est de devenir le défi de référence en Europe pour le passage à l’action écologique. À terme, nous visons plusieurs millions de participants et plusieurs centaines de millions de défis validés par notre communauté. Actuellement, nous comptons 436 000 participants et 5,6 millions de défis réalisés.
Nous souhaitons renforcer notre position en France, devenir un réflexe pour tous ceux qui veulent impliquer leur entourage dans la transition écologique. En parallèle, nous internationalisons progressivement notre mouvement grâce à 250 bénévoles, dont une trentaine de traducteurs et traductrices, qui animent le jeu en anglais, espagnol, allemand et italien. Ces langues nous permettent de toucher une audience plus large.
Un autre aspect clé de notre mission est de lutter contre le triangle de l’inaction, un concept du professeur à l’ESCP Pierre Peyretou. Ce triangle illustre comment les pouvoirs publics, les entreprises et les citoyens se renvoient la responsabilité de l’inaction, chacun attendant que les autres agissent en premier. Notre vision est de transformer ce triangle en un cercle de mobilisation où chaque partie prenante entraîne les autres vers l’action. Il s’agit de créer une dynamique collective et inciter chacun à prendre des mesures concrètes.
Merci Clément pour vos réponses !
Si vous souhaitez jouer ou engager votre entreprise dans la prochaine édition, elle commence le 30 septembre 2024. Nous vous invitons à vous inscrire et à découvrir les 10 leviers de passage à l’action pour la planète.