Flore Egnell

Pour un monde entrepreneurial plus égalitaire ! 

 

En France, les femmes représentent la moitié des actifs mais seulement 10 % des entrepreneur.e.s dans l’innovation. Un écart qui ne s’explique par aucune raison économique logique.

Les femmes savent bâtir, diriger, innover, initier, rassembler et transformer, aussi l’incubateur WILLA souhaite révéler leur potentiel encore trop sous-estimé, écrasé par un modèle économique et sociétal révolu. Pour cela, WILLA accompagne les femmes dans leur désir d’entreprendre et d’innover. Le but : les inspirer, les encourager et les former !

Titulaire d’un mastère spécialisé en entrepreneuriat d’HEC Paris, Flore Egnell fonde son entreprise Acrochet’Moi en 2014. Mue par l’ambition d’un écosystème entrepreneurial plus divers et inclusif, elle décide en 2017 de s’engager à 100 % pour une parité entrepreneuriale et rejoint WILLA en tant que responsable de programmes, avant d’en devenir la déléguée générale en 2020.

Immersion dans son parcours.

Comment, quand et pourquoi avez-vous rejoint WILLA ?

 

J’ai rejoint WILLA en avril 2017. A cette époque, je souhaitais rejoindre baigner dans l’innovation, partager mes bonnes pratiques et surtout les erreurs que j’avais commises en tant que cheffe d’entreprise. J’étais convaincue qu’être un homme ou une femme dans l’entrepreneuriat avait des avantages et des inconvénients. Mais en arrivant chez WILLA, en accompagnant toutes ces femmes entrepreneures (nous accompagnons 150 startups par an), j’ai ouvert les yeux sur les biais et les freins que nous avons en tant que femme dans l’entrepreneuriat et dans la tech. Aujourd’hui je mets toute mon énergie dans le combat de l’égalité femme-homme, pour que notre société soit plus inclusive.

 

 

Comment aidez vous concrètement les femmes à franchir le pas de l’entrepreneuriat ?

 

Nous  mettons en oeuvre plusieurs actions qui aident les femmes à franchir le pas de l’entrepreneuriat. Nous avons des programmes d’accompagnement, allant du stade de l’idée jusqu’aux 3 premières années d’activité, et des événements de sensibilisation aux enjeux de mixité pour déconstruire les biais de genre conscients et inconscients.

 

 

Nous intervenons ainsi à différents niveaux :

→ en amont de se lancer dans l’entrepreneuriat, en proposant des événements de sensibilisation et des bootcamps pour aider les femmes à passer de l’idée à l’action ;

→ pendant la phase d’émergence et de développement de son entreprise avec des programmes d’accompagnement de 6 et 12 mois.

 

Au sein de nos programmes, les porteuses de projet ont accès à des ateliers collectifs, du coaching individuel, des ateliers en co-développement avec nos expert.e.s, un suivi individuel par un membre de l’équipe WILLA, un réseau d’entrepreneur.e.s, et un accès à l’écosystème.

Svg Vector Icons : http://www.onlinewebfonts.com/icon
Nous avons tou.te.s à gagner d’une économie plus diverse. Plus de diversité, c’est plus de créativité, d’innovation, de performance, de réponses aux enjeux sociétaux et environnementaux.

Pourquoi les femmes hésitent-elles encore à entreprendre, en particulier dans le milieu de la tech ?

 

Les femmes osent moins, mais ce n’est pas le seul facteur. L’environnement nous est hostile. Des études ont démontré par exemple, que les questions posées par un.e investisseur.se ne sont pas les mêmes si elles sont adressées à une femme ou à un homme.

 

Les freins sont multiples pour les entrepreneures : le sentiment d’illégitimité, le manque de confiance en soi, le manque d’accès aux financements, à l’information, aux réseaux et à des rôles modèles accessibles, ainsi qu’un environnement qui reste patriarcal et biaisé.

 

Quel est votre conseil pour les femmes qui souhaitent entreprendre mais n’osent pas se lancer ?

 

Se lancer dans l’entrepreneuriat ne tombe pas du ciel. On peut garder une idée en tête pendant des années et se mordre les doigts quand on la voit passer sur Instagram (« ah… si je m’étais lancée il y a 5 ans »).

 

Mon conseil : il faut agir. Parlez de votre idée autour de vous, participez à des événements, des conférences, des tables rondes, des hackathons, créez un groupe au même stade que vous, rejoignez un réseau de femmes ou d’entrepreneur.e.s, faites un programme d’accompagnement spécialisé pour vous aider à passer de l’idée à l’action… Toutes ces actions vont vous pousser à murir votre projet, vous conforter ou non dans vos choix, vous aider à dépasser vos peurs et vos blocages, et vous appuyer sur vos forces.

Selon vous, comment les modèles (économiques et sociétaux) peuvent-ils évoluer notamment sur ces questions de rééquilibrage ?

 

Notre société est aujourd’hui encore patriarcale. Oui, nous avons le droit de vote 😅 mais les inégalités sont encore nombreuses entre les femmes et les hommes. Il est urgent que nous prenions tou.te.s conscience de ces inégalités pour pouvoir les réduire. Nous avons tout à y gagner. Plus de diversité, c’est plus de créativité, d’innovation, de performance, de réponses aux enjeux sociétaux et environnementaux.

 

Des actions concrètes peuvent faire évoluer nos modèles. Je pense notamment aux JO 2024 par exemple, où la parité au sein des athlètes sera respectée. Je veux parler également des quotas. Même si j’ai longtemps été contre, ils sont pour moi l’un des leviers pour accélérer la diversité dans des milieux inégalitaires. Je suis convaincue aujourd’hui que nous devons tou.te.s êtes mobilisé.e.s, que ce soit les entreprises privées, le gouvernement, les institutions publiques, les écoles et nous en tant qu’individu.

Combien de femmes ont-elles été accompagnées par WILLA ? Combien de start-up et jeunes entreprises ont-elles vues le jour grâce à ces accompagnements ?

 

L’association accompagne chaque année plus de 500 femmes dans leur désir d’entreprendre et 150 startupeuses partout en France. Chez WILLA, le taux de pérennité à 3 ans, c’est à dire le nombre de startups qui existe encore après 3 ans, est de 85 %.

 

Quel est votre prochain grand projet pour WILLA ?

 

Nous souhaitons aller encore plus loin dans le soutien aux entrepreneures en les aidant encore davantage sur l’un des freins majeurs : le financement. Un programme de financement est en cours de test, et la création d’un véhicule d’investissement est en cours d’étude.

 

Un grand merci pour vos réponses !