Jean Guo

Opportunités pour tou.te.s !

Jean Guo est née en Chine et a grandi aux Etats Unis. Enfant, elle remarque les barrières auxquelles les personnes issues de l’immigration sont confrontées, notamment lorsqu’elles ne parlent pas la langue du pays d’accueil. Très vite, elle se voit traduire les documents administratifs de sa mère et déplore son manque de possibilité de tisser un réseau professionnel. Jeune adulte, Jean Guo poursuit alors ses études dans les prestigieuses universités américaines que sont Stanford et Harvard.

C’est en 2015 qu’elle s’installe en France après avoir obtenu la bourse Fullbright, une commission qui soutient les projets d’étude et de recherche des étudiant.e.s, doctorant.e.s et chercheur.se.s en France et aux Etats-Unis, afin de faire de la recherche à la Paris School of Economics sur les difficultés économiques et sanitaires des populations marginalisées. En 2016, elle cofonde Konexio avec un but : rendre le numérique accessible à tou.te.s. Ainsi, ​Konexio propose des formations aux compétences digitales – des plus basiques aux plus avancées – pour favoriser l’insertion socio-professionnelle et briser la fracture numérique.

Bonjour Jean,

Pouvez-vous nous en dire plus sur les raisons qui vous ont poussée à créer Konexio ?

 

Bonjour ! Je suis ravie de pouvoir partager des choses sur la création de Konexio. Au commencement, deux raisons m’ont poussée à créer l’association. J’étais initialement chercheuse et travaillais à la Paris School of Economics sur l’étude de projets, initiatives, politiques publiques qui avaient pour objectif d’améliorer la vie des personnes. Dans ce contexte, je travaillais sur le terrain, je menais des entretiens avec un public vulnérable, des personnes dans des situations de précarités et/ou éloignées de l’emploi. On offrait à ces personnes des services liés au logement ou à la santé mais certaines d’entre-elles voulaient aller plus loin et avaient besoin d’un emploi, d’insertion professionnelle et de formation. Ce qui était moins facile à trouver.

 

Je viens de l’écosystème de la tech, je travaillais dans ce secteur à San Francisco et j’ai fait mes études à Stanford donc j’étais déjà assez familière avec cet environnement. Je me suis alors demandé comment puis-je aider les personnes de manière immédiate sur ces objectifs d’insertion socio-professionnelles à long terme, puis de compétences. Je me suis dit que les compétences numériques étaient nécessaires dans n’importe quelle industrie ! C’est de là qu’a tout d’abord germé l’idée de créer Konexio.

 

 

 

Il y a ensuite un fondement personnel à la genèse de l’association puisque je suis née en Chine, j’ai grandi aux Etats-Unis et si je n’avais pas eu des personnes pour m’encourager à postuler dans des universités comme Stanford, je n’aurais pas osé. La création de Konexio est également une manière de dire « Talent is equally distributed but opportunity is not », une expression vraie qui veut dire qu’on a des talents partout mais qu’il faut donner la chance à certaines personnes d’accéder à un réseau, à des informations, à des opportunités. Pour ma part, je suis très reconnaissante de l’aide que m’ont donné de nombreuses personnes lorsque j’étais plus jeune. C’est vraiment cela la mission de Konexio : pouvoir donner accès à des formations, à un accompagnement et à un réseau à des personnes nécessitant un coup de pouce.

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Talent is equally distributed but opportunity is not, une expression vraie qui veut dire qu’on a des talents partout mais qu’il faut donner la chance à certaines personnes d’accéder à un réseau, à des informations, à des opportunités.

Quelles solutions proposez-vous et à qui s’adressent-elles ?

 

Aujourd’hui, nous proposons une véritable palette de formations car nous savons que les besoins ne sont pas forcément les mêmes selon les personnes.

 

Notre offre repose sur plusieurs piliers d’activité qui vont de l’aide aux personnes pour la maîtrise des outils numériques (à savoir les outils de démarches administratives basiques et bureautiques pour la vie pratique et professionnelle) à la découverte des métiers du numériques en passant par des formations sur mesure, adaptée aux besoins précis d’une personne en particulier. Chaque pilier correspond à des observations concrètes.

 

En effet, depuis la crise du Covid, nous voyons qu’il faut pouvoir maîtriser les outils en ligne pour pouvoir assister à un simple rendez-vous. Cette digitalisation de nombreuses démarches a de fait induit un type d’exclusion socio-professionnelle. Nous avons donc des programmes afin d’aider les personnes à monter en compétences sur des outils de base.

 

La découverte des métiers du numériques correspond à une envie de donner l’opportunité aux personnes de tester et de se faire une opinion concrète de ce que sont les métiers du numériques. Aujourd’hui, nous avons des ateliers de sensibilisation pour découvrir les métiers et nous allons jusqu’à dispenser des formations certifiantes avec des stages et des alternances à la suite, qui octroie le niveau Bac +2.

 

Enfin, nous avons prodiguons des formations sur-mesure, adaptés aux besoins de clients et partenaires qui souhaitent customiser des formations pour leurs salariés dans un secteur d’activité bien précis.

 

Comment avez-vous choisi les profils auxquels s’adressent vos formations ?

 

Notre offre de formation a peu à peu évolué et nous nous adressons aujourd’hui à des publics très variés, impactés par les changements en lien avec la digitalisation. Nous savons que d’ici 2030, il y aura énormément de nouveaux métiers et nous souhaitons aider les personnes à s’y préparer, peu importe leur milieu social, de manière à offrir le même niveau d’opportunité à toutes et à tous.

 

Historiquement, nous avons commencé par nous adresser à des jeunes réfugiés, et aujourd’hui, nous travaillons également avec des personnes en reconversion professionnelle. Parmi elles, nous pouvons trouver d’ancien.ne.s plombier.e.s ou coiffeur.se.s qui sont aujourd’hui des développeur.se.s. Le but, c’est de faire comprendre à chacun qu’il peut commencer quelque part et qu’avec de la motivation, des portes peuvent s’ouvrir. Nous souhaitons également répondre à la question de la diversité dans le secteur du numérique, contribuer à ouvrir le secteur à des personnes qui y sont à ce jour sous-représentées.

 

Cela fait maintenant plus de 5 ans que Konexio existe, combien de personnes ont pu bénéficier de vos formations ?

 

Nous fonctionnons en termes de places de formation car nous avons des personnes qui choisissent de suivre plusieurs cursus chez nous. Nous sommes aujourd’hui à 2 700 places de formations par an à travers nos différents programmes.

Dans les six mois suivant la formation, 70 % des apprenants sont en poste dans un emploi du numérique, poursuivent une formation qualifiante ou lancent un projet dans le secteur.

Vous êtes ambassadrice du Mouvement Impact France depuis 1 an, pourquoi avoir choisi d’adhérer à un tel réseau et qu’est-ce que cela signifie pour vous et Konexio ?

 

Mon rôle chez Impact France consiste à travailler les sujets d’accessibilité numérique dans le task force Tech for Good. Dans ce cadre, nous réfléchissons aux solutions et aux propositions importantes pour nous et pour tout un écosystème qui rencontre des problématiques similaires. Nous remontons ces problématiques et réfléchissons à des solutions afin de faire des retours à un niveau plus haut.

Nos propositions vont de la création d’un droit à la formation numérique pour les personnes en situation d’exclusion à des sujets écologiques : comment réduire l’empreinte environnemental du numérique ? Comment mieux équiper les personnes éloignées du numérique ?

 

Quels sont les futurs projets de Konexio ?

 

Nous aimerions réussir à toucher 10 000 personnes d’ici les prochaines années. L’objectif est d’être capable de sans cesse ajuster nos offres en fonction de l’évolution des besoins. Nous souhaitons élargir encore et toujours nos publics puisqu’on sait que d’ici 2025, la moitié des salariés aura besoin d’une requalification avec l’adoption des nouvelles technologies.

En termes d’impact, nous souhaitons avoir une présence géographique plus grande d’ici 2026-2027. Aujourd’hui, nous sommes présents dans 4 pays (Malawi, Kenya, Jordanie et France) et 15 villes. Nous souhaiterions être présent dans 10 pays et 40 villes !

 

Un grand merci pour vos réponses !