Sophie Chénel

De l’architecture papier pour un secteur événementiel plus responsable !

A la tête d’une entreprise familiale créée par son arrière-grand-père, Sophie Chénel dirige avec brio les Procédés Chénel International. Alliant une solide expérience du papier et une équipe passionnée, l’entreprise propose de véritables architectures de papier, une offre unique dans la création et la distribution de matériels destinés aux événements et à l’architecture intérieure.

Matière phare de l’entreprise, le Drop Paper®, un papier non-tissé composé de cellulose, polyester et fibre de verre, se décline dans tous les domaines de l’architecture temporaire au design. Procédés Chénel International propose ainsi du mobilier, des cloisons, des plafonds, des luminaires et ne s’interdit aucune collaboration pour de nouvelles créations. Si plusieurs tonnes de ce matériau sont alors consommées chaque année, Sophie Chénel se pose la question de responsabilité environnementale. Elle réfléchit dans un premier temps à différentes manières de réutiliser les chutes et déchets de ses productions. Partenariats avec des écoles d’art, boîte mystère à réutiliser, concours de revalorisation mettant en lumière de nouveaux artistes… plusieurs initiatives s’en suivent, avant d’aboutir à la naissance d’un nouveau matériau : le Drop Cake®, issu d’un procédé de recyclage de 100 % des déchets de production de l’entreprise. En quelques années, Sophie Chénel met en place sa propre filière de recyclage.

Elle répond aujourd’hui à nos questions et nous montre le chemin dans sa quête de solutions plus responsables !

Bonjour Sophie,

 

Procédés Chénel a été créée en 1896 par votre arrière-grand-père, pouvez-vous nous en dire plus sur son histoire et son évolution au fil des années ?

 

Notre société a récemment fêté ses 125 ans ! Pour marquer ce temps fort, nous avons raconté nos histoires et expliqué tous les procédés qui ont contribué au succès de cette entreprise dans un livre. Ce livre est en vente sur notre site, l’intégralité du prix est reversée à l’association Clowns sans Frontières. En résumé, mon arrière-grand-père, menuisier, était passionné par les expositions et les voyages. Trouver des techniques simples et efficaces pour permettre de réaliser de grandes et belles expositions était déjà, et demeure toujours aujourd’hui, au cœur de notre métier. Mon grand-père, également menuisier et électricien, a poursuivi cette démarche.

Stand Procédés Chénel

Mon père, architecte, a ensuite déposé plus de 50 brevets : stands à étages, faux plafonds en nid d’abeilles, planchers empilables… et premiers kakémonos en Drop Paper® dans les années 1986. Ensuite, il était assez facile de reprendre le témoin dans les années 90 pour poursuivre ces recherches et développements, principalement en papier. Aujourd’hui, la création passe aussi, chez Procédés Chénel, par la résidence de nombreux créateurs et artistes dans nos ateliers.

Fac Simile de la Grotte de Chauvet, design Frédéric Ravatin

Vous vous définissez comme architecte de papier, qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

 

« Architecte de papier » interpelle comme un oxymore. Dans un premier temps, nous développons des matériaux, surtout des composites souples, non tissés techniques. Ces matériaux sont créés avec des usines françaises capables de rendre nos produits « non feu » i.e. : papier calque, papier craft, papier de soie, papier argenté ou doré, perforé ou plissé, etc. Bref, toute une gamme de produits exclusifs non feu classés M1. Dans un second temps, nous mettons ces matériaux et nos techniques de faux plafonds, cloisons, luminaires et mobiliers au service des créateurs. Ceux-ci s’en emparent et imaginent des installations pérennes ou éphémères. Ainsi, nous fabriquons des architectures en papier selon leur conception. Nous sommes la boîte à outils des créateurs.

 

 

Procédés Chénel a développé le Drop Paper®, pouvez-vous nous parler de ce matériau ?

 

Ce matériau est fabriqué en France depuis 1974. A l’origine, il a été créé pour réaliser un faux plafond d’exposition. Nous avons ensuite eu l’idée de remplacer les grands panneaux en bois comportant les lettres d’allées des salons par du Drop Paper®. Après cela, les dés étaient lancés ! Il n’existait plus aucune limite à l’usage de ce matériau magique qui réagit formidablement aux contraintes liées aux lieux recevant du public : dimensions, classement non feu, prix, légèreté et versatilité.

Votre entreprise prend en compte les enjeux de développement durable. Quelles sont vos réflexions et innovations à ce sujet ?

 

Le produit phare de notre entreprise est le Drop Paper® mais il ne se recycle pas car il s’agit d’un composite, contrairement au papier 100 % cellulose, au carton, au bois ou à l’aluminium. Il est donc nécessaire de réfléchir à sa réutilisation. Même s’il offre dès le départ un très bon bilan carbone, son usage est très court. Nous développons des pistes de réemploi et une transformation industrielle pour obtenir un nouveau matériau, le Drop Cake®.

 

Envisagez-vous de développer d’autres matériaux recyclables à l’instar du Drop Paper® et du Drop Cake® ?

 

Nous avons récemment introduit dans notre catalogue un sandwich de fines feuilles de cellulose qui est un fantastique diffuseur de lumière, classé non feu et 100 % cellulose. Nous continuons de chercher bien sûr, c’est un processus sans fin ! C’est d’ailleurs ce qui rend notre métier fantastique et ce qui emballe aussi nos clients. Notre microcosme est en mouvement, nous travaillons pour les créateurs qui rythment nos développements !

 

Merci pour vos réponses Sophie !

Sculpture en papier, design Lika Kato